« Rien ni personne ne sera épargné ».
Voilà la conclusion du dernier rapport du GIEC, publié le 28 février 2022, sur l’état de notre planète et son avenir. Ce rapport sur les conséquences de notre inaction nous interroge encore plus sur notre façon de voyager, sur le tourisme, sur le flux de passagers… Quel sera le tourisme de demain ? Quels enjeux pour le tourisme de demain ? Bouleverser nos habitudes permettra d’assurer un tourisme d’avenir.
Les limites du tourisme actuel
On le sait, le tourisme que l’on connait aujourd’hui, nous permettant de visiter les 4 coins du monde en un tour d’avion n’est pas durable. Nous sommes passés de 50 millions de touristes en 1950 à 1,4 milliards en 2018. Et on prévoit 3 milliards de touristes en 2050. Si les infrastructures se sont développées pour accueillir ces nombreux voyageurs, la Terre elle n’a pas de seconde planète et les impacts de ces voyages s’accumulent sans remise à zéro. Le tourisme est responsable d’environ 8 % des gaz à effet de serre dans le monde.
Le transport n’est pas la seule source de pollution quand on voyage. L’hébergement est lui aussi facteur d’impact écologique (bonjour les gros complexes hôteliers) tout comme les visites et les activités qui peuvent nuire à l’environnement (faune et flore). Alors sans interdire le fait de voyager, quel sera le tourisme de demain ? Quels changements majeurs faut-il effectuer pour préserver notre planète ?
L’exception 2020 restera une exception
L’année 2020 fut exceptionnelle pour le tourisme dans le sens où c’est à ce moment que la crise sanitaire du Covid-19 a débuté. Le monde s’est figé : les arrivées internationales ont chuté de 73 % (1 milliard de touristes en moins). La France, qui a accueilli 90 millions de touristes en 2019, en a reçu 40 millions en 2020. Cette période où nous étions confinés chez nous a permis à la nature de faire une pause. La faune s’est invitée dans nos villes (exemple d’un puma photographié dans les rues de Santiago au Chili ou des canards sur le périphérique parisien) et les émissions de gaz à effet de serre ont baissé. Mais 2020 restera une exception : malgré encore certaines restrictions, le tourisme a progressé de 4 % en 2021, les déplacements et la pollution ont repris…
Zoom sur le GIEC
Le GIEC est un Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’évolutions du Climat qui a été créé en 1988. Il a pour but de constituer des évaluations scientifiques détaillées sur les changements climatiques : causes, répercussions et solutions. Et le nouveau rapport publié le 28 février 2022 est le dernier cri d’alarme de ses rédacteurs. Il indique notamment que l’ampleur des impacts du changement climatique sont plus importants que ceux précédemment estimés. Si pour certaines zones il est presque déjà trop tard, il est encore possible d’atténuer les effets si on ne dépasse par un réchauffement de 1,5° à 2°C. Au-delà, il sera trop tard.
Près de la moitié de l’humanité vit dans la zone de danger – maintenant. De nombreux écosystèmes ont atteint le point de non-retour, maintenant.
Pour continuer à vivre, s’adapter
Le maître mot pour les années à venir : l’adaptation. Il faut donc ajuster notre comportement et nos infrastructures. Les villes sont le premier moteur de ce changement. Plusieurs solutions d’adaptabilité sont notamment mises en avant :
- Décourager les développements dans les zones à haut risque
- Construction de digues
- Surélévation des maisons dans les zones côtières menacées
- Construction des bâtiments directement sur la mer
- Terrasses et toits « verts », jardins communautaires, jardins pluviaux
- Bassin de rétention des eaux pluviales
- …
Si au moins 170 pays et de nombreuses villes ont désormais inclus l’adaptation dans leurs politiques, les progrès sont inégaux et loin d’être suffisants. Et malheureusement, malgré toutes les bonnes volontés des citoyens, les pays se frottent à un manque de volonté politique, de la désinformation ou un faible sentiment d’urgence ressenti.
Pour prendre connaissance des rapports du GIEC c’est ici.
Faire évoluer les voyages pour un tourisme de demain
Face à l’urgence climatique alarmante, il est indispensable de repenser durablement nos modes de voyage. Comment penser le tourisme de demain ? Quels sont les enjeux du tourisme de demain ?
Voici quelques pistes de réflexion, pour un meilleur tourisme, qui sont déjà mises en œuvre.
Réduire les émissions de GAS
Comme on l’a vu, prendre l’avion n’est vraiment pas écologique (le transport aérien représente environ 5 % des GAS). On peut alors trouver des alternatives moins gourmandes en énergies, comme le train. Il émet entre 33 % et 50 % moins de CO2 que l’avion et est l’un des meilleurs moyens de parcourir de longues distances. Un tendance est apparue : le train-bragging, ou tagskryt en suédois. C’est le fait de se « vanter » d’utiliser des déplacements verts comme le train et donc de réduire son empreinte carbone. Le mouvement est largement inspiré de Greta Thunberg, qui avait rejoint New-York pour le sommet du climat de l’ONU, à bord de son voilier zéro carbone.
N’hésitez pas à lire notre article sur l’empreinte carbone pour en savoir plus sur les modes de transport doux et écologiques.
La nouvelle tendance qui a émergé notamment durant les derniers confinements du pays est le slow travel. Il fait partie du slow movement, généralisé dans plusieurs domaines : slow food, slow cities, slow living, slow fashion… C’est tout simplement ralentir son rythme de vie pour prendre le temps de profiter, de vivre, de ressentir, d’observer, d’échanger… Le slow travel se pratique à pied, à vélo, à bord d’un train ou d’un bateau… On associe le slow travel également à la microaventure, mouvement consistant à ne plus parcourir la planète pour vivre des expériences incroyables mais privilégier son territoire. On a consacré un article à ce sujet.
Un tourisme pour prendre soin de l’environnement
Quand on décide de partir dans un pays étranger, en plus de faire du tourisme classique, il est possible de se rendre utile. C’est le cas par exemple du regenerative tourism ou tourisme régénératif. Il est né des suites des dégradations que le tourisme de masse peut engendrer sur l’environnement, notamment la faune et la flore. Nombreux sites naturels ont pris la décision de fermer leurs portes ou de limiter les entrées aux touristes pour que l’écosystème puisse se régénérer. Le tourisme régénératif consiste ainsi à laisser le lieu dans un meilleur état que celui dans lequel vous l’avez trouvé, copiant l’agriculture régénératrice qui a pour but de restaurer les sols épuisés par les mêmes cultures.
Exemple : nettoyer une plage et collecter les déchets, planter un arbre…
Le tourisme de demain passera également par les hébergements touristiques. Ceux-ci doivent se réinventer pour être plus respectueux de l’environnement et entrer dans une démarche écologique. C’est déjà le cas pour certains hébergements qui ont fait de l’écologie et du respect de l’environnement leur cheval de bataille. Ils attirent aujourd’hui une clientèle spécifique qui a pris conscience des changements de comportement devenus obligatoires.
Des voyages qui rapprochent
Enfin on peut évoquer deux dernières tendance du tourisme, qui permet la rencontre et la prise en compte d’enjeux sociaux. On parle notamment d’agritourisme, ou tourisme rural, qui est le fait de s’arrêter dans des fermes, des ranchs ou chez des vignerons par exemple et d’expérimenter un tourisme éducatif. Récolte, vendanges, cours culinaire, traite des animaux, entretien des vergers… autant d’expériences possibles à partager ! Et pour les voyages en van, fourgon ou camping-car, pensez au réseau France Passion, qui vous permet de passer une nuit chez plus de 2 100 vignerons et artisans.
Enfin on peut évoquer le philantourisme ou tourisme philanthropique. Il s’agit de faire du tourisme volontaire (bénévolat par exemple) dans des destinations qui ont des besoins.
Alors quel tourisme de demain faudra-t-il inventer pour sauvegarder notre belle planète ?
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